"Ce qu'on écrit sur le sable n'est pas ce qu'on écrit dans les livres...
On écrit toujours mais la mer monte."
Charles Estienne, la rivière échappée.
Pierre Jaouën commente :
« …cette phrase me fait penser à ces tranches de vie, ces pages de sable que le temps effacerait à jamais si les amis n’en rendaient pas compte, rétablissant ainsi une relation plus vraie, plus tendre aussi, entre la vie et l’œuvre d’un artiste. »
À Ploudalmézeau, la ville dont Jaouën est un enfant et où il est enfin revenu, il vit-travaille. Retour aux racines, retour aussi aux ciels des séjours finistériens qui réunissaient, voici près de cinquante ans, un groupe d’artistes surréalistes chacun à sa façon.
L’un d’entre eux, Jean-Claude Silbermann, dit de Pierre Jaouën :
« Pierre Jaouën, qui cherchait par la peinture et par la vie le lieu et la formule, m’a insufflé - lui si virtuose - le courage de ma maladresse et ma vie s’en est trouvée réorientée. »
Le 6 septembre 1960, 121 écrivains, universitaires et artistes rendent public le texte de la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, que l’on appellera le Manifeste des 121.
Cet appel, qui prône la désobéissance militaire et l'indépendance de l'Algérie est l'un des plus célèbres brulôts du siècle. Il fut d'emblée censuré et certains de ses signataires furent poursuivis ou interdits de travail dans la fonction publique.
Pierre Jaouën est signataire de ce manifeste et il reste pour toujours l'un des 121.
Plus tard, dans les années 70, il s’associe à l’aventure de Free Dance Song, lieu d’un échange permanent entre musiciens et danseurs, proche des travaux du Living Theater, du free jazz…
Au Japon, aux U.S.A., il pratique les arts martiaux, le sabre, le bâton, et construit la pureté du geste et l’harmonie du souffle qui animent de manière éclatante les aquarelles du livre d'artiste "mélusine".
Ces quelques épisodes émergent d’une vie pour l’essentiel gardée secrète.
Pierre Jaouën nous a quittés, il nous manque cruellement.