prélude à l'oiseleur
nocturne7

NOCTURNE 7

Les mains éparses
 l’amant sommeille
 absent au monde
abandonné à la douceur de sa peau

 Musique
tournoie   scintille   caresse

 Chaleur
 plie l’espace
Je m’adosse
 contre

Poitrine brûle
Mains m’échappent et s’en vont dessiner
   un ailleurs
 ébouriffé d’oiseaux

nocturne6

NOCTURNE 6

Nuit
calme sombre
Posée contre
 debout
Je l’épouse

Nuit
 brouillard humide
qui me soutient
me tient
 debout

Nuit
 eau noire
 têtue
 glissant
sur l’horizon silence

Ville
 implosée
 engloutie
trace
du maëlstrom
 sur l’eau
 
Et puis
 toutes ces lumières...

Nuit
 joie rageuse !

Porte...
 et je tombe
 imprévue
verticale

nocturne4


NOCTURNE 4

La rue m’accueille, fraîche et déserte,
   belle
   comme elle n’est que la nuit.
Je suis bien, seule, pour la goûter.

C’est si beau, le désert.

Rejoindre le silence.
Passer dans l’autre monde.
Mon corps nu s’abandonne à la fraîcheur des draps...

Le désir de toi veille, petite flamme tranquille.

Je m’endors
et tu vas me rejoindre,
et t’emmêler à moi, tes mains dans mes cheveux, ma bouche dans ton cou, tout ton corps allongé
et blotti,
présent, tellement présent que je n’ai qu’à fermer les yeux...

L’aube est là.
C’est Dimanche.

nocturne5

NOCTURNE

Ma vie pour me guérir de toi.

Animale
 Sous ta main.
  Ébouriffée.
L’eau de mes yeux, leur transparence et ce regard
 qui te fait fondre, qui te fait rire

Enfantine
Soeur née de tes rêves
Femme née de tes bras
Petite fille fée
 sous ta bouche
   séduite
 ravie en autre monde
   Nuit veloutée
 sous le poids de satin de ta peau.

Et cette pluie, cette pluie de tes cheveux sur mon visage, mes doigts qui errent mêlés à eux, glissade de tes cheveux le long de mes mains douces...

Tes mots d’homme ivre, chuchotés la nuit, te disant toi,
ta joie de moi,  disant l’amour
 et ta révolte

Passion-force, ciel bleu vif, éblouissement solaire
Joie dure, douleur épine, le dessin de tes lèvres

Grandir encore.

 

nocturne3

NOCTURNE 3

La nuit s’en va
 vagabonde et poudreuse
Elle bat, elle pulse, elle dessine
 une poussière de joie
  où tu es seul.

Tu cries, tu danses, tu bois,
   exubérant
   désespéré
   superbe
Je te regarde et tu me vois.

Là bas, du fond de toi, partis de l’infini dedans,
   montent des mots 
     balbutiés
bouche perdue dans mes cheveux, pendant que moi
   les yeux fermés,
   je te respire.

Tu m’enroules, tu me dis que tu bandes pour moi,
que tu vas me baiser, là, tout de suite. Je te dis oui, là... Maintenant.
Tu ris, tout ahuri.
Tu dis : c’est impossible.
Et tu repars.

Plus tard, tu te penches sur moi, assise,
Tu regardes mes yeux longtemps, longtemps.
Tu embrasses ma bouche lentement, plusieurs fois.
Je ne vois plus que toi, penché, je ne sens que tes lèvres...

Plus tard, tu danses avec une autre.
Et puis tu me visites, à chaque conversation que j’ai...

Plus tard encore, tu dis : “Je te déteste...”
Puis tu souris, là, dans mon cou.
   heureux.
Moi je sens  ton sourire.